La crise sanitaire a eu un impact important sur les finances de la ville
Crise sanitaire, réforme de la fiscalité locale, dotations de l’État en berne : comment les services financiers font-ils front, en cette année 2021 particulièrement compliquée pour les dépenses des collectivités territoriales ? Lilian Renaud, directeur des services administratifs innovants de L’Isle-d’Abeau en charge des finances de la commune, en témoigne.
Quel a été l’impact de la suppression de la taxe d’habitation sur les finances de votre commune ?
En 2021, nous n’avons pas observé de changement important sur nos finances à la suite de la réforme de la fiscalité locale. Le transfert de la taxe foncière sur les propriétés bâties et le coefficient correcteur nous permettent de maintenir nos ressources cette année. Pour les années à venir, il est difficile de se prononcer ; j’attends de voir l’impact que cette réforme aura sur les finances locales à plus long terme. Ce qui est sûr, c’est que notre marge de manœuvre financière se réduit car la commune dispose de 60% de logements sociaux. Par conséquent, la taxe sur le foncier ne concerne qu’un nombre réduit d’habitants, par rapport à la taxe d’habitation. L’augmentation des taux des taxes locales reste un sujet délicat sur le plan politique pour nos élus, qui se sont engagés vis-à-vis des habitants. Quant aux dotations de l’État, elles stagnent cette année.
Comment avez-vous ensuite géré la crise sanitaire sur le plan financier ?
La crise sanitaire a, quant à elle, eu un impact important sur les finances de la commune car nous disposons de sept groupes scolaires pour lesquels il a fallu mettre en place des protocoles sanitaires stricts. Il a donc été nécessaire d’embaucher du personnel supplémentaire afin de mettre en œuvre ce protocole. Avec les confinements, ce sont aussi nos recettes liées à la fermeture de certains services publics qui sont en baisse, même si, dans le même temps, certaines dépenses diminuent également. Nous avons évalué malgré tout des pertes qui se chiffrent entre 400 et 500 000 €. À noter également que nous avons mis en place un centre de vaccination dans notre commune, ce qui engendre un certain nombre de dépenses. Nous devrions pouvoir néanmoins bénéficier d’une subvention de l’agence régionale de santé et de la région pour compenser ces charges supplémentaires.
Comment parvenez-vous à maîtriser les dépenses de votre collectivité dans ce contexte ?
Nous avons réduit nos dépenses de fonctionnement et nous essayons de lisser nos investissements dans le temps. Nous faisons en sorte de diminuer les charges à caractère général ; en revanche, nous ne souhaitons pas réduire les dépenses de personnel. En effet, 40% d’entre eux travaillent dans les écoles : les services publics ne doivent pas faire les frais de la maîtrise de nos dépenses. Enfin, nous travaillons pour obtenir des subventions partout où cela est possible. En 2020, nous avions fait le point avec les différentes directions en cours d’année afin de réussir à dégager des marges de manœuvre financières pour absorber les surcoûts liés à la crise sanitaire. Nous avions ainsi pu mettre de côté en vue de cette année entre 300 et 400 000 € afin d’aborder l’exercice budgétaire de 2021 plus sereinement. Cette année encore, nous avons prévu de rencontrer nos quatre principales directions avant les congés d’été pour tenter de dégager des économies pour l’année 2022.